Bien sûr, il avait mis cela sur le compte de sa schizophrénie.
Bien sûr.
Bien sûr, la fièvre y était pour beaucoup.
Et il avait beau la maîtriser sur un simple mot, puisé au plus profond de son âme et de son corps douloureux, il n'était pas certain que là ne fût pas la cause.
Et puis, plus jamais il n'avait connu cette expérience étrange.Du moins, pas aussi violemment, pas aussi clairement. Evidente. Et lumineuse.
Cette impression blanche.
Aveuglante.
Cette auréole fabuleuse, cette presque aurore, dans ce halo d'obscurité, cette douceur impalpable, presque irréelle.
Cette imperceptible chaleur, qui du fond de sa fièvre, le rassurait presque.
Rassurait? Avait-il besoin de l'être?
Il savait qu'il n'aurait plus jamais peur de rien.
Même, surtout, lorsqu'il s'était vu, là, allongé, hôpital, tuyaux, et que cette effroyable douleur, à cet instant précis, à cette seconde sublime, l'avait quitté, comme son âme avait quitté son corps...
Même lorsqu'il était retombé, chute légère, et que la souffrance était revenue, plus terrible encore...
Alors, bien sûr, la fièvre y était pour beaucoup.
Et la schizophrénie dont il s'enveloppait, dont il se drapait, cape protectrice.
Rêve?
Il s'était regardé vivre, sa vie durant. Il se regardait mourir... Pas plus.
Mais il sut qu'il n'aurait plus jamais peur de rien.
Et que la vie ou la mort le laisseraient indifférent. A tout jamais. Les mêmes détails, la même pièce... Oui, que la vie ne lui ferait plus jamais peur.
Et qu'il ne craindrait ni ne rechercherait plus jamais la mort...
Juste une lettre qu'on affranchit, et dont on oublie d'indiquer l'adresse du destinataire sur l'enveloppe. Pas plus.
Indifférence.
Comme un mépris.
Juste un orgueil de plus?
Ikkar
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